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Clément Laborieux

Publié le mar. 25 octobre 2022 par Finishers

RĂ©cit de course : Mon Marathon de Chicago 2022, un rĂȘve Ă©veillĂ©

Pour mon deuxiùme marathon, j’ai eu la chance d’obtenir un dossard pour le prestigieux Bank of America Chicago Marathon 2022. Avec Finishers, je vous fais traverser l’Atlantique et vous emmùne avec moi pour plonger au cƓur de cette course mythique. Let’s go to Chicago !

(CrĂ©dit : Jarvis Lawson - Bank of America Chicago Marathon)

Chicago, c’est une ville que j’ai dĂ©couverte lors d’un semestre d’études en 2014 et dont je suis restĂ© profondĂ©ment attachĂ©. C’est vraiment mon ter-ter. Son marathon, c’est tout simplement l’un des plus prestigieux du monde puisqu’il figure au calendrier du World Marathon Majors. Deux records du monde y ont dĂ©jĂ  Ă©tĂ© battus et en plus d’un parcours plat, les conditions mĂ©tĂ©orologiques y sont souvent idĂ©ales Ă  cette pĂ©riode de l’annĂ©e. Bref, pour mon deuxiĂšme marathon, je ne pouvais pas rĂȘver meilleur endroit pour atteindre l’objectif ultime pour beaucoup d’entre nous : courir un marathon en moins de 3h. đŸ‡ș🇾

Peut ĂȘtre une image de une personne ou plus et route

(Crédit : Bank of America Chicago Marathon)

Il existe diffĂ©rents moyens pour obtenir un dossard et j’ai choisi le plus Ă©conomique et le plus flexible : la loterie. Il faut savoir que le systĂšme de tirage au sort du marathon de Chicago est celui oĂč vous avez le plus de chance parmi les Majors. Inscription un an Ă  l’avance et rĂ©ponse positive obtenue en dĂ©cembre 2021 par mail, trust the process ! AprĂšs une prĂ©paration estivale de douze semaines avec des semaines d’entraĂźnements Ă  100 km, une belle sortie de 26 km, 4 kilos en moins et une paire de carbones prĂȘtes pour le jour-J, me voilĂ  enfin prĂȘt pour l’un des plus beaux challenges sportifs de ma vie. On arrive Ă  Chicago le vendredi soir aprĂšs quelques galĂšres d’avion et on est plongĂ©s dans l’ambiance dĂšs la sortie de l’aĂ©roport avec une immense banniĂšre « Welcome runners Â» et les tickets de mĂ©tro du CTA Ă  l’effigie de la course. 🛬

(Crédit : Clément Laborieux)

Je me sens dĂ©jĂ  comme un hĂ©ros alors qu’on n’est qu’à J-2. Le marathon en AmĂ©rique, c’est vraiment sĂ©rieux, je sens que je ne vais pas ĂȘtre déçu dimanche. On a posĂ© nos valises dans un Airbnb cosy Ă  Roscoe Village, un quartier dans le Nord de Chicago bien desservi par les transports. En 30 minutes, on se retrouve Downtown Ă  la recherche d’un restaurant italien (recharge glucidique primordiale avant un marathon) et lĂ , dĂšs les premiers instants dans la « Windy city Â», on est d’abord captivĂ©s par ces immenses gratte-ciels qui se succĂšdent sur ces larges avenues typiques des Etats-Unis. De nuit, le spectacle est encore plus saisissant avec toutes ces lumiĂšres et la riviĂšre qui plonge Ă  l’intĂ©rieur de la ville. Gotham City. 🌃

(Crédit : Clément Laborieux)

Samedi, J-1, l’heure du fameux shakeout run. Je cours le samedi matin Ă  Lakeview Ă  l’heure oĂč les Chicagoans dorment encore. RAS, les sensations sont bonnes, les jambes vont bien, le cƓur s’emballe un peu avec l’excitation de la course mais je me sens confiant pour mon Sub3h. Si vous logez Downtown, je vous recommande vraiment de participer au 5 km proposĂ© par l’organisateur du marathon. Le dĂ©part se fait Ă  Grant Park, c’est le moment idĂ©al pour faire le plein d’énergie positive et partager un super moment avec des dizaines de milliers de coureurs dans les rues de Chicago au milieu des buildings. Si vous ĂȘtes accompagnĂ©s, votre partenaire peut aussi s’inscrire Ă  ce footing, parce que le running c’est mieux Ă  deux. Et vous aurez mĂȘme droit Ă  une mĂ©daille de Finisher aprĂšs la course. 😉

C’est maintenant l’heure d’aller rĂ©cupĂ©rer le dossard ! On dĂ©cide de se rendre au salon Abbott Health & Fitness en Lyft pour ne pas trop fatiguer les jambes. Le salon se trouve au bord du Lac Michigan dans le South Loop Ă  15 minutes du centre-ville en transport. Je vous recommande de vous y rendre le vendredi ou le samedi matin Ă  l’ouverture pour Ă©viter des longues files d’attente. Le marathon de Chicago, c’est 40 000 coureurs dont de nombreux participants internationaux, il y a donc un gros pic d’affluence le samedi. Nous y sommes arrivĂ©s vers 9h30 et notre passage a Ă©tĂ© trĂšs fluide. Les volontaires Ă©taient nombreux pour nous accueillir dans la bonne humeur et malgrĂ© un problĂšme de QR Code, ils m’ont rapidement orientĂ©s vers le guichet de mon dossard. đŸŽœ

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(Crédit : Clément Laborieux)

AprĂšs la traditionnelle photo dossard pour faire monter la pression sur Insta, on entre dans la partie rĂ©servĂ©e aux exposants oĂč le stand Nike occupe la place centrale. On a l’impression d’ĂȘtre dans une vraie boutique avec des dizaines d’articles exclusifs Ă  l’effigie du Marathon de Chicago 2022. Ça c’est quand mĂȘme la classe. D’autres marques sont Ă©galement prĂ©sentes comme Under Armour ou On Running et il est mĂȘme possible de se faire masser sur le salon. J’espĂ©rais y trouver des gels Ă  base de miel mais je n’ai trouvĂ© que des Maurten et des GU. Tant pis, ça m’apprendra Ă  gĂ©rer ça Ă  la derniĂšre minute.

On rĂ©cupĂšre le Participant packet, un sac transparent avec un tshirt Nike Ă  l’effigie de la course et quelques goodies. Il n’y a pas vraiment d’activitĂ©s marquantes sur le salon et il est temps de prendre l’air. On se balade en ville, l’occasion de manger Ă  nouveau des pĂątes (pasta party !) et de visiter la John Hancock Tower et le 360 Chicago Observation Deck. Un magnifique point de vue au 55 Ăšme Ă©tage qui nous plonge dans un moment hors du temps entre l’horizon infini du Lac Michigan, le panorama urbain des gratte-ciels de Chicago et le paysage calme et plat de l’Illinois. Pour ceux qui ont le vertige comme moi, essayez le TILT, mon cardio est montĂ© Ă  150, un bon Ă©chauffement pour ce qui m’attend le lendemain


(Crédit : Clément Laborieux)

L’atmosphĂšre dans la ville est vraiment imprĂ©gnĂ©e par le marathon, on y retrouve des coureurs dans chaque cafĂ© et restaurant. Sur Michigan Avenue, il faut patienter derriĂšre une file d’attente de 100 mĂštres pour accĂ©der Ă  la boutique Nike, sponsor officiel de la course. A l’intĂ©rieur, la boutique est aux couleurs du marathon et on y retrouve de nombreux produits spĂ©cialement dĂ©diĂ©s au marathon. Courir le marathon de Chicago, ça n’arrive pas tous les jours alors c’est le moment de se faire plaisir ! Bon, il est maintenant l’heure de rejoindre notre havre de paix, taper une petite sieste, manger des fĂ©culents, mater les highlights de Kipchoge et au dodo parce que demain c’est le grand jour !

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(Crédit : Clément Laborieux)

Dimanche 9 octobre 2022, le jour de gloire est arrivĂ©. RĂ©veil Ă  4h30, 3 heures avant le dĂ©part de la course. Je mange mon p’tit dĂ©j prĂ©parĂ© la veille, petite sĂ©ance de mĂ©ditation, une mini douche, la tenue est prĂȘte, les gels sont dans la poche, la Garmin est chargĂ©e Ă  100%, bizarrement pas trop de stress mais une grande excitation. On dĂ©colle Ă  5h30 pĂ©tantes. On prend le fameux mĂ©tro aĂ©rien de Chicago pour rejoindre Downtown, et station aprĂšs station, des dizaines de coureurs nous rejoignent. C’est excitant de voir tous ces visages stressĂ©s mais surtout heureux d’ĂȘtre lĂ . En un seul regard, on se comprend et on se sourit. Qu’on soit un coureur Ă©lite en 2h20 ou une grand-mĂšre de 77 ans qui va chercher son 602 Ăšme marathon (true story !), on est tous lĂ  pour la mĂȘme chose et on va vivre un moment extraordinaire. đŸ€©

Le dĂ©part de mon SAS est prĂ©vu Ă  7h30, l’organisation prĂ©conise une arrivĂ©e Ă  5h30. Je suis arrivĂ© Ă  6h30 et c’était super fluide. Courir un Major, c’est aussi ça. Avoir l’assurance d’une organisation sans faille. Et contrairement Ă  New York, Boston ou Londres, le point de dĂ©part est Ă©galement le point d’arrivĂ©e de la course, il y a donc peu de contraintes logistiques. Je suis passĂ© par un premier filtre de sĂ©curitĂ© (seuls les sacs transparents fournis par le salon sont autorisĂ©s), on range le survĂȘtement pour enfiler sa tenue de combat, puis passage Ă  la consigne pour poser le sac. A 6h50, j’étais prĂȘt pour l’échauffement. La premiĂšre Ă©tape de ce marathon, avant mĂȘme l’échauffement, c’est la petite escale sur le trĂŽne. 😅

PremiĂšre victoire : pas de soucis digestifs. PrĂ©voyez 20 minutes pour aller aux toilettes, ici ce n’est pas Paris et mĂȘme si vous ĂȘtes dans un parc, personne ne fait ses besoins dans la nature. Ne faites pas la mĂȘme erreur que moi, marchez un peu plus loin pour trouver des files d’attentes avec moins de monde. 10 minutes de footing et quelques gammes plus tard, j’entends au loin l’hymne amĂ©ricain. Les frissons. Je rejoins finalement la deuxiĂšme vague de dĂ©part car mon SAS avait dĂ©jĂ  fermĂ© Ă  7h20. J’ai pu faire un bon Ă©chauffement mais je pars dans un SAS un peu plus lent que prĂ©vu et ça aura son importance dans ce dĂ©but de course
 La mĂ©tĂ©o est parfaite, il fait 7 degrĂ©s, le ciel est dĂ©gagĂ©, je commence finalement la course Ă  7h34. Durant les premiĂšres foulĂ©es, on est impressionnĂ©s par la vue de tous ces gratte-ciels. Gratitude et fiertĂ© montent en moi, je suis Ă©mu mais pas le temps de lĂącher une larme, il faut ĂȘtre trĂšs concentrĂ© sur sa foulĂ©e car il y a une foule trĂšs dense autour de moi et le GPS de la montre n’est pas trĂšs fiable Ă  cause des buildings, des tunnels et de la densitĂ© de coureurs.

(CrĂ©dit : Bank of America Chicago Marathon)

Soyons honnĂȘtes, le vrai objectif c’est sub2h50. MĂȘme si ce n’est que mon deuxiĂšme marathon, j’ai fait une grosse prĂ©paration et je sais que je l’ai dans les jambes aujourd’hui. Je fais une premiĂšre partie de course trĂšs maĂźtrisĂ©e. Je double et slalome Ă©normĂ©ment sur ce premier kilomĂštre, c’est le jeu quand on choisit une course avec une telle densitĂ©. Mais je prends beaucoup de plaisir, on traverse des avenues mythiques comme Jackson Boulevard ou LaSalle Street qui me rappellent des films comme Batman ou encore mes annĂ©es Ă  l’UniversitĂ© ici. J’aperçois Olivia, ma partenaire de choc, au 3 Ăšme km et j’en profite pour lui laisser mes gants, j’suis dĂ©jĂ  bien chaud. Les sensations sont trĂšs bonnes et je passe les 5 premiers km en 20:00.

(CrĂ©dit : Jarvis Lawson - Bank of America Chicago Marathon)

Il y a 1,7 millions de personnes dans les rues de Chicago pour nous encourager aujourd’hui et ça se ressent. L’atmosphĂšre dans la ville est dingue, les amĂ©ricains mettent une ambiance de fou. On se sent portĂ©s par cette foule pleine de joie et d’énergie. On se dirige vers le Nord de la ville, je reste focused et je passe les 10 km en 39:51. On atteint le quartier Wrigleyville, oĂč se trouve le stade lĂ©gendaire des Chicago Cubs, puis on repart direction le centre-ville. C’est Ă  ce moment-lĂ  que je rencontre Clark, un coureur assez balaise et avec un bon rythme. On a le mĂȘme objectif et on dĂ©cide de faire le reste de la course ensemble. Tout seul, on va plus vite, ensemble, on va plus loin, Ă  ce qu’il paraĂźt. đŸ€œđŸ€›

(CrĂ©dit : Bank of America Chicago Marathon)

On revient Downtown avec une marque Ă  1h23’58 au semi. Je cours sur une base de 2h48, les jambes rĂ©pondent bien, merci coach pour la prĂ©pa. J’ai 0 douleur et je commence mĂȘme Ă  envisager une accĂ©lĂ©ration progressive et pourquoi pas un negative split, la masterclass des coureurs expĂ©rimentĂ©s. Au 30 Ăšme km, on traverse Little Italy et la montre affiche 01:59:10, incroyable. Quel kiff de courir dans cette ville. Je suis toujours sur une base de 2h48. CĂŽtĂ© nutrition : je prends mon 3 Ăšme gel mais il passe vraiment mal. Trop de cafĂ©ine. Pas trĂšs malin pour un mec qui ne boit pas de cafĂ©. L’odeur de la cafĂ©ine me donne des remontĂ©es de gaz. Je chope un gel Gatorade dans les mains d’un volontaire, j’me dis que ça peut pas ĂȘtre pire. Ça va mieux. Je cours toujours avec Mark, on traverse le quartier mexicain de Pilsen. On est sur un bon rythme de croisiĂšre, le cƓur ne s’emballe pas et reste Ă  170 BPM. đŸ„”

(CrĂ©dit : Bank of America Chicago Marathon)

On arrive dans Chinatown et au 35 Ăšme km la rĂ©alitĂ© du marathon me rattrape. Le moment oĂč la vraie course commence, le moment oĂč les jambes commencent Ă  ĂȘtre lourdes et que la vitesse diminue progressivement. Je m’accroche pour limiter la casse, j’arrive Ă  assurer une vitesse de 4’05-4’10/km. Clark est mieux et maintient son allure, je me retrouve seul pour cette fin de course, seul contre moi- mĂȘme. Heureusement, la foule est encore prĂ©sente pour nous permettre de penser Ă  autre chose que la douleur. Au total, on aura traversĂ© 29 quartiers de Chicago, tous diffĂ©rents des uns des autres. J’ai fait une vingtaine de courses mais je n’avais jamais vu autant de diversitĂ© culturelle et d’engouement autour d’une compĂ©tition. Et Ă  ce moment-lĂ  de la course, le soutien est vraiment important pour ne pas gĂącher les efforts faits pendant les 35 premiers kilomĂštres. 👏

(Crédit : Bank of America Chicago Marathon)

Le retour sur Michigan Avenue fait du bien au moral. Il ne reste que 3 kilomĂštres. C’est le moment oĂč il faut justement Ă©viter de compter les kilomĂštres restants mais plutĂŽt se focaliser sur tout le chemin parcouru. On repense Ă  ces 35 premiĂšres kilomĂštres mais surtout Ă  tous ces entraĂźnements, ces fractionnĂ©s autour de la piste, sous la pluie, ces rĂ©veils Ă  5h, ces sorties longues, ces runs sous 30 degrĂ©s. On souffre, c’est inĂ©vitable mais on ne lĂąche pas et on sert les dents. Je franchis enfin la ligne d’arrivĂ©e. 2 heures 49 minutes et 38 secondes. Incroyable. 😍

Je n’ai mĂȘme pas le temps de rĂ©aliser qu’une douleur envahit tout mon corps, je suis incapable de marcher. Je trouve la force d’aller rĂ©cupĂ©rer ma mĂ©daille, la luciditĂ© revient peu Ă  peu et j’me rends compte que je viens de rĂ©aliser quelque chose d’exceptionnel. J’ai rempli un objectif de vie. Un marathon en moins de 2h50 Ă  Chicago, aux Etats-Unis. J’ai rĂ©alisĂ© une course exemplaire, avec un scĂ©nario idĂ©al, dans l’endroit parfait, avec des conditions incroyables. Je me sens privilĂ©giĂ©, heureux et fier, comme dans un rĂȘve Ă©veillĂ©. ✹

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(Crédit : Clément Laborieux)


Récit de Clément Laborieux, finisher du Marathon de Chicago 2022.

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