©

Finishers

Publié le mar. 11 juin 2024 par Finishers

Mathieu Blanchard triomphe à la Maxi-Race : Une première pour une première place

Pour la première fois de sa carrière, Mathieu Blanchard a participé à la célèbre Maxi-Race d’Annecy. Celui qui a terminé deuxième lors de l’UTMB 2022 a réussi à se hisser sur la première place du podium du "Tour du Lac", un parcours exigeant de 94 km avec 5 200 mD+ qui a débuté samedi à 4h45. Mathieu raconte cette victoire, ainsi que le déroulement de la course, au micro de Finishers 👇.

La Maxi-Race du Lac d'Annecy, véritable institution du trail en France, a été le théâtre de la victoire éclatante de Mathieu Blanchard pour cette édition 2024 🏆. Nous avons pu rencontrer l'athlète quelques jours seulement après son triomphe afin qu'il nous partage son expérience de course.

(Crédit : Maxi-Race)

C'était ta première participation à la Maxi-Race, et le moins que l'on puisse dire, c'est qu'elle a été remarquée. En quoi a consisté la préparation qui a conduit à ta victoire ?

Mathieu : 2 semaines avant, je suis parti en reconnaissance du parcours pendant 2 jours. C'est quelque chose que je fais à chaque fois pour que ma préparation soit complète. Cela me permet de visualiser le parcours et de voir où sont les pentes et les ravitos, par exemple. Du coup, quand je cours, je me contente de "réciter" ce que j'ai appris sans réfléchir ou trop anticiper 📖, et cette tranquillité d'esprit me donne la possibilité de me concentrer uniquement sur mon effort physique 🏋️‍♂️. Maintenant que je suis coureur professionnel, j'ai la chance de pouvoir me rendre sur place à l'avance, souvent un mois avant la course quand c'est à l'étranger. Mais quand j'étais amateur, je n’avais pas la possibilité de dégager tout ce temps pour ma préparation. Alors j'allais sur le web et je regardais les différents contenus 🖥️. Il y a toujours des gens qui font des vidéos de reconnaissance, des récits de course, ou qui publient les profils altimétriques (le dénivelé) et la carte… D'ailleurs, certaines courses sur Finishers ont l'air très bien. Les descriptions sont assez complètes et elles m'aident souvent à faire une première entrée dans la course 👍.

Quels sont les critères qui t'ont poussé à participer à la Maxi-Race ?

Mathieu : J'ai choisi la Maxi-Race parce que je ne l'avais jamais faite et parce que j'adore découvrir des nouvelles courses. En plus, elle se déroule en France et ça concordait bien avec ma décision de ne pas beaucoup voyager cette année ♻️. Et puis l'autre raison est que j'étais bien entouré : mes partenaires principaux - Salomon (qui a son siège à Annecy) et I-Run - étaient présents. Cela faisait donc sens pour moi de faire cette course 😊.

Il n'y avait pas que tes partenaires, mais aussi certains membres de ta famille ! Est-ce que la course à pied est un héritage familial, ou est-ce toi qui as su motiver ton entourage ?

Mathieu : Non, c'est plutôt moi qui ai inspiré tout le monde dans ma famille ! Aujourd’hui, tout le monde court, sauf ma mère, qui préfère rester à l'apéro (rire). Mon petit frère Thomas a fait sa première longue distance avec le 30 km. Il s'était inscrit au marathon à l'origine, mais la météo a poussé les organisateurs à changer la course. Cela ne l'a pas empêché de prendre énormément de plaisir. Ma petite sœur, elle, a couru la "Short-Race" de 16 km, avec mon petit frère Lucas. Il est vraiment très impressionnant. Il est handicapé et il a réalisé la course avec sa prothèse 🦿. Ça me rend heureux qu'il soit aussi autonome. Avant, je l'accompagnais sur les courses pour le rassurer. Maintenant, il vole de ses propres ailes 🪽. Nous parlions de critères de sélection de course tout à l'heure... La diversité des distances sur une compétition en est un pour moi. Elle permet à mes frères et sœurs de profiter aussi. Maintenant, ça fait partie un peu du truc : quand ils viennent m'encourager, ils font aussi une course ! 🏃‍♀️

Ton lien avec ta famille semble très important pour toi. Est-ce que ton entourage t'aide à réaliser tes challenges au quotidien ?

Mathieu : Oui, complètement ! Vous savez, on a le temps de penser à beaucoup de choses en 9 heures de course. Dans les moments difficiles, ma famille est souvent une source de motivation. Je me dis qu'elle est là pour moi, sur le parcours, à m'attendre pour m'encourager... Mais il n'y a pas qu'eux ! Il y a aussi mes amis et ma communauté 🫶. Elle me donne beaucoup de force sur les réseaux sociaux et je retrouve beaucoup de personnes sur le bord des sentiers. Je me dis que si tous ces gens se sont déplacés pour moi, pour m'encourager, je ne peux pas faire le travail à moitié et abandonner ❌. Je repense aussi à tout le travail que j’ai fait en amont, et je me dis : "C'est aujourd'hui que ça se passe. Tu travailles depuis des semaines pour ça, alors ne lâche pas". Il y a des gens, comme mon petit frère, qui sont handicapés ou malades. J'ai une bonne santé, mais je sais que c'est fragile. Alors, j'en profite à fond. Je profite de la nature et me concentre sur les paysages. Je n’ai pas le droit de me plaindre pour une vulgaire douleur de jambe ! 🙅 Ce sont des pensées qui m'aident à ne rien lâcher.

Ta victoire a fait du bruit dans le monde du trail. Comment vis-tu cette surmédiatisation ?

Mathieu : C'est quelque chose qui ne me dérange pas, voire que j'apprécie ! Je ne le ressens pas comme une pression. Et puis, ça fait partie de mon travail. Être accompagné par des partenaires, c'est aussi avoir des contreparties, et je l'ai compris dès le début 🤝. Je sais que si je remporte une course et que je fais un podium, je vais devoir raconter ce qu'il s'est passé aux médias 🗣️. Maintenant, je suis assez habitué à cet exercice et j'arrive à le gérer sans trop perdre d'énergie. C'est aussi assez flatteur et gratifiant.

Cela fait maintenant 5 jours que tu as arraché la victoire. Comment se passe l'après-course ? Est-ce que tu es déjà de retour à l’entraînement ?

Mathieu : En fait, je ne suis pas encore retourné m'entraîner 😅. C'est très aléatoire. Parfois, je suis en forme en 3 jours. Et d’autres fois, comme celle-ci, je mets plus de temps à me remettre. Je ne vais donc pas reprendre un entraînement intense tout de suite. Je laisse du temps à mon corps pour se reposer 😴.

Qui s'occupe de gérer cet aspect de ta vie ?

Mathieu : Je me fis aux conseils de mon coach, Adrien Seguret. J'ai une excellente relation avec lui 👌. Je pense qu'on ne choisit pas un entraîneur uniquement pour son programme, mais aussi pour ses qualités relationnelles. Ce qui est important avec un coach, c'est qu’il comprenne ta personnalité et qu'il trouve comment te motiver à t'entraîner et qu'il réussisse à diversifier les entraînements pour que tu te donnes toujours à fond. Il y a une vraie question d'affect et de philosophie du sport. Avec Adrien, le feeling a été instantané.

(Crédit photo : Anthony Deroueux)

La parole est à toi ! 🫵

En parallèle de cet entretien exceptionnel, nous t'avons donné la possibilité de poser des questions à Mathieu via notre story Instagram 😉. Voici quelques questions qui ont été sélectionnées :

Clara : Est-ce que tu as eu des moments difficiles durant la course ? Si oui, lesquels ?

Mathieu : Bonjour Clara 😄. Merci pour ta question ! Je n’ai pas eu de moment très difficile, tout s'est globalement bien passé. C'est possible aussi ! Le challenge a simplement un peu augmenté lorsque Thibaut Garrivier m'a rattrapé. Mais je n’étais pas dans le dur à ce moment-là, donc je ne peux pas dire que c'était un moment difficile. J'ai réussi très vite à reprendre le contrôle 🏎️. C'est juste une question de gestion.

Nicolas : Quelle relation entretiens-tu avec les autres membres de la Team Elite Salomon, comme Courtney ou François D’Haene ? Vous êtes plutôt rivaux ou compagnons de course ? 🤔

Mathieu : Les 2 ! Quand on est en stage ensemble, dans des camps d'entraînement ou dans divers événements, ce sont des coéquipiers. Mais ça reste quand même un sport individuel dans lequel il n’y a qu’un seul gagnant ! 👑 Donc quand on participe à une course, on devient adversaires.

Le mot de la fin ! 😇

Pour conclure l’interview et résumer cette victoire sur la Maxi-Race 2024, nous avons demandé à Mathieu de nous faire un récap' de la course en trois mots. Voici sa réponse :

"C'est un trail populaire, contrasté et… boueux !" (ceux qui ont vu la météo ce jour-là comprendront pourquoi 😉)